18-19 juin 2026 Montpellier (France)

Université de Montpellier Paul-Valéry (DIPRALANG, EA 739)

 

Colloque international

Pour une approche interdisciplinaire de la toponymie

 

Organisé par

la Chaire UNESCO en toponymie inclusive de l'Université de Génève, l'Université de Montpellier Paul-Valéry et l'Université de Rouen

18 et 19 juin 2026

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Appel à communications

Le toponyme, qui sert à désigner un lieu, un territoire, relève de différentes dimensions et intéresse plusieurs disciplines. Parmi celles qui en font un objet de recherche en soi, l'onomastique met en perspective diachronique le nom propre et s’attache à décrire son sens, son origine et son altération. La dimension synchronique qui privilégie l’étude de la motivation, de la remotivation (Akin 1999), de la réception et les usages du nom de lieu mobilise la sociolinguistique, la sociopragmatique, l’anthropologie et la géographie culturelle et politique. On peut ajouter les sciences de gestion pour l’analyse de la valeur marchande du toponyme. Plus généralement, en tant que l’une des configurations essentielles entre le langage et les pratiques de catégorisation et de dénomination du réel dans les communautés linguistiques, les toponymes sont étudiés par de nombreuses disciplines en sciences humaines et sociales démontrant qu’un toponyme est en général plus qu’un toponyme (Boyer 2008 : 9).

Si l’onomastique privilégie l’explication et la description de la formation et de la signification des noms propres, l’analyse du discours envisage les toponymes dans leur rapport à leurs conditions de productions et s’attache à décrire leur signification, non pas comme un sens figé et immuable, mais en tant que résultat d’un acte de communication impliquant différents paramètres tels que le profil sociologique des locuteurs engagés dans la communication, le lieu et le moment de la communication, ainsi que ses finalités pragmatiques. La sociolinguistique, et notamment la sociolinguistique urbaine, s’intéresse aux toponymes dans la mesure où l’espace contribue à la structuration de l’identité des individus et des communautés (Bulot et Veschambre 2006). Pour sa part, la géographie politique et culturelle étudie les processus de dénomination des lieux en tant qu’élément fondamental de territorialisation en lien notamment avec les questions de pouvoir (Giraut et Houssay-Holzschuch 2023). Les sciences de gestion, et plus particulièrement le marketing, s'interrogent sur l’efficacité des stratégies de valorisation de la ressource territoriale, ainsi que sur les enjeux de la toponymie dans l’économie touristique (Boyer et Cardy 2011) et plus largement encore sur les formes de marchandisation des noms (Vuolteenaho 2023).

Ces approches disciplinaires ont donné lieu à des recherches prolifiques dans plusieurs domaines de la toponymie, en diversifiant ses orientations théoriques et méthodologiques. Cela se traduit par l’émergence d’intitulés comme : la toponymie critique, politique, performative, inclusive, commémorative, la néotoponymie, la socio-toponymie, les cultures toponymiques urbaines (Bigon & Ben Arrous 2021), la toponymie relationnelle (Carter 2024), la diplomatie toponymique (Düzgün 2024). S’ils traduisent les développements prometteurs des études sur les toponymes et le paysage linguistique, force est de constater que ces dernières restent souvent ancrées dans des frontières disciplinaires. Ce qui est d’autant plus dommageable que les toponymes s’inscrivent dans les pratiques à la fois linguistiques, sociales, commerciales, touristiques, politiques et géopolitiques dont seule une approche interdisciplinaire peut vraiment rendre compte.

C’est dans cette orientation interdisciplinaire, croisant les concepts et outils théoriques et méthodologiques ainsi que les éclairages propres à chaque discipline sollicitée, donc avec une préoccupation épistémologique, que nous envisageons le présent colloque.

*Image de l'en-tête réalisée à partir d'une photo de Caroline Cavet

 

 

Axes thématiques

Axes thématiques

Les participant.e.s sont invité.e.s à soumettre des propositions de communication qui s’inscrivent dans l’étude d’enjeux qui se prêtent à des croisements parmi les approches linguistiques, culturelles, sociales, politiques et marketing des usages des toponymes….

1.    Toponymie et langues minor(is)ées

La visibilité, la vitalité et la reconnaissance des langues minor(is)ées, en France ou ailleurs dans le monde, se répercutent dans la (re)mise en circulation des toponymes ; les droits linguistiques et le droit de nommer les lieux, les enjeux politiques des toponymes en situation de conflit sociolinguistique et de minorisation d'une langue dominée, etc. sont autant de problématiques qui montrent les liens étroits entre la toponymie et la minor(is)ation sociolinguistique.

2. Toponymie et interventions glottopolitiques des collectivités territoriales (Régions) : pour la généralisation de programmes régionaux d’inventaires et analyses microtoponymiques

Dans la continuité de l’Axe 1, les recherches programmatiques conduites par exemple sur le Parc Naturel Régional de l’Aubrac (cf. Calvet 2024) ou sur le littoral corse (cf. Miniconi 2023) doivent inciter des acteurs et des chercheurs d’autres espaces à soumettre les résultats de leurs enquêtes et leurs propositions glottopoliques.

 3. Toponymie, adressage, savoir et mémoire

Cet axe concerne en particulier l'adressage en cours de réalisation dans les campagnes françaises et européennes et les quartiers informels des villes du Sud. Derrière des opérations présentées comme relevant de la modernisation technique, apparaissent des enjeux, des menaces et des opportunités pour les pratiques, savoirs et représentations vernaculaires (Rose-Redwood et al. 2023).

4.  Identité, Inclusivité, fonctionnalité

Il s'agit ici de prendre en compte la féminisation et la décolonisation des odonymes, l’inscription des toponymes dans les stratégies de promotion et de développement durable et les impératifs fonctionnels de la toponymie officielle, ou les contradictions entre inclusivité et promotion d’une part et standardisation et stabilité, d’autre part.

5.  La toponymie comme ressource territoriale

La promotion territoriale s’empare de la toponymie comme une ressource permettant d’affirmer le double ancrage dans une sémiosphère et une territorialité spécifiques susceptibles de produire valeur et attractivité. Ces processus de promotion exercent une tension entre création néotoponymique allusive (tourisme, promotion immobilière, noms de projet de territoire) et valorisation de corpus régionaux ou vernaculaires (inventaires patrimoniaux, circuits …) (Boyer et Cardy 2011 ; Vuolteenaho 2023).

6. Toponymie, nouvelles technologies et géopolitique

Les nouvelles modalités offertes par des technologies spatiales et des informations géoréférencées organisées et transmises par Internet et notamment les plateformes cartographiques privées et contributives (Google, OpenStreetMap, Mapcarta, Here etc.) créent de nouvelles possibilités cartographiques. Si celles-ci mettent en cause la souveraineté cartographique des Etats, elles permettent dans le même temps aux acteurs sociaux de s’emparer de la gestion des toponymes dans une volonté de réappropriation territoriale et de reconstruction identitaire… Les offensives toponymiques actuelles invitent également à reconsidérer la dimension de la toponymie selon les contextes temporels et géopolitiques et à l’aune du tournant numérique.

Bibliographie

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